Il fait chaud, ça sent le soufre… Ici commence l’enfer, de John Ridley

Publié le par Yan

book_cover_ici_commence_l_enfer_178075_250_400.jpg« C’était à l’Italien de parler. Il se coucha, aussitôt imité par le pédé. John s’y attendait. Il y avait pas mal de blé dans le pot. Trop pour les demi-sels. Pour suivre, il fallait les avoir bien accrochées. Et Johnny se sentait fort des huit couilles de ses quatre rois ».

Bien sûr, ça ne va pas durer. John va se faire proprement plumer par des mafieux assez pointilleux sur les paiements. Convaincu par la perte d’un de ses doigts qu’il a tout intérêt à leur payer au plus vite la somme qu’il leur doit et les intérêts qui vont avec, John est en route pour Las Vegas lorsque sa voiture tombe en rade en plein désert près d’un patelin nommé Sierra.

Ici commence l’enfer pour John : entre un garagiste qui l’arnaque jusqu’à l’os, un clochard indien qui se fait passer pour aveugle, un jeune plouc au sang chaud, des braqueurs, un homme de main de la mafia qui finit par faire le voyage pour récupérer le pognon… et Grace. Une beauté, Grace, ensorcelante et manipulatrice. Elle aimerait bien que John la débarrasse de Jake, son mari, magnat de l’immobilier de ce trou perdu. D’un autre côté Jake aimerait bien qu’on le débarrasse de Grace. Et le sheriff, dans tout ça ?

Voilà une histoire sans temps mort. On ne peut que compatir aux malheurs de ce pauvre John, mais on attend avec impatience la prochaine tuile qui va lui tomber sur la tête. Et ça n’arrête pas. Les ennuis s’accumulent en même temps que notre jubilation. Les dialogues sont biens menés, et nous entrainent avec John dans ce patelin où n’importe quelle situation semble prête à dégénérer en bordel total et incompréhensible, toujours au détriment de John.

Ici commence l’enfer est un livre court (moins de 250 pages), divertissant. Peut-être pas un grand roman, mais l’occasion de passer un bon après-midi, ce qui n’est déjà pas si mal.

Ce bouquin a aussi été adapté, assez fidèlement, au cinéma sous le titre U-Turn, avec Sean Penn, Jennifer Lopez, Nick Nolte et un Billy Bob Thornton et un John Voight méconnaissables. C’est un plutôt bon film d’Oliver Stone (ça arrive, et croisons d’ailleurs les doigts pour qu’il ne foire pas son adaptation de Savages de Don Winslow).

Un petit dialogue pour goûter :

                « -Tu veux qu’on se batte pour elle ?

                John jeta un coup d’œil à la fille. Une feuille de papier vierge aurait eu plus d’expression.

                 -T’es marteau ! Je ne vais pas me battre pour ça.

                 Le gosse fit un pas vers lui.

                -Vous savez peut-être pas qui je suis, m’sieur. Je m’appelle Toby N. Tyler. Mes potes m’ont surnommé TNT. Vous devinez pourquoi ?

                -Parce qu’ils manquent d’imagination ? »

John Ridley, Ici commence l’enfer, Rivages/Thriller, 1998. Rééd. Rivages/Noir, 2001. Traduit par Jean Pêcheux.

Publié dans Noir américain

Commenter cet article