Rétrospective Parker (4) : Pour l’amour de l’or

Publié le par Yan

  book_cover_pour_l_amour_de_l_or_175949_250_400.jpgLa clique s’ouvrait sur une scène où Parker échappait à un tueur de l’Organisation venu tenter de l’éliminer dans sa chambre d’hôtel. Pour l’amour de l’or commence de manière quasi similaire avec l’intrusion de deux malfrats dans la chambre de Parker. Autre lien entre ces deux épisodes, la présence de Bett Harlow. C’était elle qui, dans La clique, partageait la chambre de Parker au moment de la tentative d’assassinat. Alors que Parker se chargeait de se débarrasser du corps de l’intrus, Bett avait disparu avec son arme. On pouvait s’étonner, à la fin du roman, que ce personnage soit passé aux oubliettes. La revoilà donc. Cette riche héritière fait son retour accompagnée de son père avec une proposition que Parker ne peut refuser : s’il veut récupérer son arme – et les empreintes qu’il y dessus – il devra opérer un cambriolage au profit de M. Harlow et dérober une pièce d’art médiéval.

Bien entendu, un grain de sable s’introduit dans le plan de Parker et de son complice pour la troisième fois d’affilée, Handy McKay. Un grain de sable d’un mètre soixante-cinq et 105 kilos : Menlo, haut-fonctionnaire d’un État-satellite de l’URSS envoyé aux États-Unis pour éliminer Kapor, un diplomate de son pays, qui détourne des fonds de l’ambassade à son profit. Kapor, qui est aussi le propriétaire de la statue que Parker et McKay doivent dérober.

Avec Pour l’amour de l’or, Richard Stark développe une intrigue à tiroirs assez complexe parfois, dans laquelle le lecteur peut avoir un peu de mal à se retrouver. Les allers-retours d’un protagoniste à l’autre amènent parfois l’auteur à se montrer redondant, répétant plusieurs fois la même scène selon des points de vue qui, en fin de compte, ne sont pas si différents  les uns des autres. On se plait toutefois à voir encore Parker embringué dans une situation où, ce qui apparaît comme un des points faibles de sa carapace de criminel froid, sa naïveté, l’entraîne à nouveau à se faire bêtement doubler. Et comme nous sommes au début des années 1960, c’est avec une pointe d’amusement que nous permet le recul historique que l’on voit le cambrioleur américain grugé par un fonctionnaire communiste retors détourné de sa mission par l’appât du gain et les filles faciles américaines. On remarquera au passage que Stark continue de filer la métaphore autour de l’Organisation, qui apparaît finalement dans ce roman comme un avatar d’un système totalitaire qui se révèle tout aussi inefficace que celui du pays de Menlo.

Tout fini bien sûr par rentrer dans l’ordre, l’Amérique n’étant pas prête à se vendre aux bolcheviks, et l’on sort plutôt ravi de cette intrigue qui, pour être parfois un peu lourde, n’en est pas moins dénuée d’une pointe de charme désuet.

Richard Stark, Pour l’amour de l’or, Gallimard, Série Noire, 1964. Traduit par Marcel Frère.

Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; La clique ; En coupe réglée ; Rien dans le coffre ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ; Planque à Luna-Park ; Les citrons ne mentent jamais ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Flashfire ; Firebreak ; Breakout ; À bout de course! ; Demandez au perroquet ; Argent sale .

Publié dans Noir américain

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