Un été avec Tim Dorsey (1) : Florida Roadkill

Publié le par Yan

  9782743611200Au risque de passer pour un monomaniaque, je reviens une fois de plus à Tim Dorsey. J’y reviendrai d’ailleurs tout l’été pour parler de ses romans déjà parus en France en attendant la sortie en septembre de Cadillac Beach. Ce sera peut-être l’occasion pour les retardataires de découvrir cet auteur trop méconnu à mon goût et à l’imagination débordante.

Sean Breen et David Klein voulaient seulement assister aux World Series de baseball à Miami et profiter du voyage pour visiter les Keys.

Johnny Vegas voulait seulement perdre sa virginité.

La Chlingue, la Teigne et Mou-de-l’Asperge, trois bikers bedonnants, venaient de se faire virer des Chevaliers de la Malédiction Éternelle, Chapitre du Soleil, le gang le plus minable de l’État et voulaient seulement retrouver leur statut de terreurs.

Max Minimum voulait seulement continuer à vendre des mobil-homes de mauvaise qualité à des retraités pour les avoir définitivement à sa botte et les délester de leurs maigres économies.

Susan Tchoupitoulas voulait seulement faire régner l’ordre à Key West.

Dar-Dar voulait seulement que Satan vienne régner sur terre.

George Veale voulait seulement continuer à se saouler comme bon lui semblait lors des soirées organisées dans son quartier et à exercer sereinement son métier d’orthodontiste. Avec ses dix doigts encore accrochés à ses mains, de préférence.

C’était sans compter sur l’arrivée de Serge A. Storms, psychopathe, « obsessionnel-compulsif, maniaco-dépressif, rétenteur anal, paranoïaque et schizophrène », amoureux de la Floride, détestant prendre ses médicaments et courant après 5 millions de dollars. Accompagné de Coleman, junkie débile, et de Sharon, vamp capable de tuer un homme grâce à un 501 Levis, Serge va semer la panique et les cadavres sur sa route et changer la destiné de tous ces personnages et de bien d’autres encore.

Mené à un rythme infernal et à l’humour féroce, qui semble partir dans tous les sens au gré de l’imagination débridée de son auteur, Florida Roadkill est pourtant un roman très construit avec un mécanisme implacable. La multitude de scènes et de personnages qui se croisent ou se heurtent, pour peu que le lecteur accepte de se laisser porter, amènent à un dénouement explosif et délirant.

 Lire Florida Roadkill, c’est l’assurance de se détendre en voyant les pires crétins, ceux que l’on ne supporte plus (agents immobiliers véreux, journalistes « populaires » populistes, assureurs-escrocs odieux…) en prendre sévèrement – et parfois définitivement – pour leur grade. Ça fait du bien.

Une idée du style ? La description des Chevaliers de la Malédiction Éternelle, Chapitre du Soleil :

« Les Chevaliers rêvaient d’un blason avec un crâne flamboyant et plein de poignards, mais avaient dû se rabattre sur des vêtements d’usine avec défauts de fabrication, en l’occurrence des uniformes pour employés de magasins. Ils récupérèrent ainsi les pièces surbrodées qu’un marchand de glaces de Siesta Key avait refusées. L’emblème des Chevaliers devint un cobra lové autour d’une coupe de Rocky Road à trois boules ».

Tim Dorsey, Florida Roadkill, Rivages/Thriller, 2000. Rééd. Rivages/Noir, 2003. Traduit par Laetitia Devaux.

Du même auteur sur ce blog : Hammerhead Ranch Motel ; Orange Crush ; Triggerfish Twist ; Stingray Shuffle ; Cadillac Beach ; Torpedo Juice ;

Publié dans Noir américain

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